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21 août 2006

NUMERO 2

CINESCOPE 2


« Manière de Voir », pour ceux qui ne connaîtraient pas, est une publication bimestrielle du « Monde Diplomatique », le journal préféré des altermondialistes. Son numéro 88 est consacré au « cinéma engagé », avec en une la photo du célèbre film de Ken Loach sur la révolution espagnole (d’autres diront « sur la guerre d’Espagne »), « Land and Freedom ».

Cette revue, bien faite, est un patchwork de contributions thématiques de prof de cinéma, de journalistes, écrivains, etc. On y trouve beaucoup d’informations, des invitations à aller se pencher sur certains films oubliés de l’histoire officielle. On appréciera particulièrement certaines critiques de films traitant du Moyen Orient et de la Palestine, dans une période où les USA imposent un soutien indéfectible à Israël partout dans le monde. C’est donc à lire. Mais comme toute lecture, on se doit de la prendre avec un regard critique, en se disant que finalement, tout est discutable sans a priori ni sacrement.

En effet, on tombe à la page 37 sur un article au titre énigmatique : « «  Apocalypse Now » ou la fuite dans le symbole ». Ce n’est pas au titre, évidemment, que l’on pourrait comprendre de quoi il s’agit. Ni d’ailleurs dans un grand nombre de phrases qui expriment des idées très simples dans un langage volontairement torturé, obscur…

En revanche, l’idée centrale du journaliste du Monde, auteur de l’article, est la suivante : « N’est-ce pas… le vieux mythe de la « guerre propre » qu’on nous ressert ici, assorti d’une invite à l’indulgence, à la compréhension attendrie pour ces officiers d’élite qui, poussés à bout par la traîtrise et à la barbarie de l’ennemi, sont sortis de la légalité ? ». Puisqu’il nous pose la question, nous ne nous priverons pas de la possibilité de lui répondre : non.

Non, Apocalypse Now n’est pas un film sur la guerre propre. Des films qui, au prétexte formel de dénonciation, sont en fait des œuvres de couverture d’une guerre victime de quelques dérapages bien compréhensibles, il y en a des tas, surtout dans le cinéma Hollywoodien actuel. Mais ce que Copola a fait, ce n’est pas ça. Apocalypse now, c’est la fin du voyage, le point d’arrivée après la longue remontée du fleuve. C’est l’aboutissement de la folie, et de la guerre. Car l’embarcation, comportant les militaires partant en mission pour éliminer un général Kurtz transformé en Messie de l’horreur, traverse toutes les étapes de la guerre, où les cadavres deviennent banalités, et le quotidien devient délirant, à la frontière du réel. Si l’on prend la scène (rajoutée dans la version redux du film) de la rencontre des soldats et des playmates, transformées en quasi prostituées, ou l’arrivée en hélicoptère dans le village au début, qui se terminera par un surf sur fond d’incendie, on trouve autant de fascination pour les images que de compréhension de l’impasse folle dans laquelle tout le monde est embarqué. Cette déflagration sordide générale est illustrée magnifiquement du début, dans une chambre d’hôtel, à la mise à mort finale sur fond de sacrifice rituel tribal.

Citant le réalisateur Michel Mardore, Christian Zimmer explique, ou plutôt clôt toute discussion en affirmant : « Tous les films de guerre sont des apologies de la guerre ». Un principe éternel bien malheureux…

an

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